24 Décembre 2016
Alors que le précédent opus (Yo – « moi » en espagnol) se voulait avant tout introspectif, Abuc (donc « Cuba » épelé à l'envers) est un produit beaucoup plus instrumentalisé, dans la tradition des orchestres salsa. On commence avec « Cubano chant » qui nous transporte à La Havane, puis vient « Afro mambo » et « Asere Monina Banco » avec à chaque fois le combo magique: une section de cuivre décomplexée et la clave rythmique bien identifiable. Trombone Shorty vient même donner un coup de main, juste au cas où. Peu de place pour le piano de Fonseca au premier abord donc, mais rapidement arrivent aussi des compositions plus lentes et recherchées d'un point de vue mélodique. D'ailleurs, le piano percussif qui le caractérisait tant auparavant (il a commencé comme percussionniste) n'a pas voix au chapitre ici.
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Roberto Fonseca est devenu, en peu d’années, une figure éminente du jazz afro-cubain. Chacune de ses prestations a permis de mesurer la maturité acquise par le pianiste. Celui qui fut qualifié à ses débuts de “ talent le plus prometteur et le plus important de la musique cubaine “ a tenu toutes ses promesses. Une technique brillante, un jeu puissant qui n’exclut pas la délicatesse du toucher, un sens rythmique qui lui permet une synthèse entre le jazz et Cuba, mais aussi l’Afrique et le Brésil.
Roberto Fonseca est un conteur. Foisonnant de rythmes canailles et de cuivres gaillards, tissé d’allusions, de souvenirs et de contrastes, kaléidoscope de couleurs dansantes, ABUC raconte une histoire.
A l’écoute de l’album, on chavire et on se retrouve la tête à l’envers mais on reprend très vite l’équilibre pour entrer dans la danse et laisser tourner en boucle les 14 titres de l’album. Un concentré d’énergie irrésistible.
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